L’_claireur

C’Žtait vers la fin de mai 1855, dans un des sites les plus ignorŽs des immenses prairies du Far-West, ˆ peu de distance du R’o Colorado del Norte, que les tribus indiennes de ces parages nomment, dans leur langage imagŽ, le fleuve sans fin aux lames d’or. Il faisait une nuit profonde. La lune aux deux tiers de sa course montrait, ˆ travers les hautes branches des arbres, sa face blafarde, dont ne s’Žchappaient qu’avec peine de minces rayons d’une lumi�re tremblotante qui ne laissait distinguer que vaguement les accidents d’un paysage abrupte et sŽv�re. Il n’y avait pas un souffle dans l’air, pas une Žtoile au ciel. Un silence de mort planait sur le dŽsert. Silence interrompu seulement ˆ de longs intervalles par les glapissements saccadŽs des coyotes en qu�te d’une proie, ou les miaulements ironiques de la panth�re et du jaguar ˆ l’abreuvoir. Pendant les tŽn�bres, les grandes savanes amŽricaines, o� nul bruit humain ne trouble la majestŽ de la nuit, prennent, sous l’Ïil de Dieu, une imposante splendeur qui remue ˆ son insu le cÏur de l’homme le plus fort et le pŽn�tre malgrŽ lui d’un religieux respect. Tout ˆ coup les branches serrŽes d’un buisson de floripondios s’Žcart�rent avec prŽcaution, et dans l’espace laissŽ vide apparut la t�te anxieuse d’un homme dont les yeux brillants comme ceux d’une b�te fauve lan�aient dans toutes les directions des regards inquiets. Apr�s quelques secondes d’une immobilitŽ compl�te, l’homme dont nous parlons quitta le buisson au milieu duquel il Žtait cachŽ et s’Žlan�a d’un bond au dehors. Bien que son teint h‰lŽ eut atteint presque la couleur de la brique, cependant ˆ son costume de chasse et surtout la nuance blonde de ses longs cheveux et ˆ ses traits hardis, francs et accentuŽs, il Žtait facile de reconna”tre en cet homme un de ces audacieux coureurs des bois canadiens dont la forte race s’Žteint tous les jours et tend ˆ dispara”tre avant peu.

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• Auteur: Gustave Aimard

Opinion des critiques spécialisés

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  Excerpt from Curumilla Les jésuites avaient fondé au Mexique de missions autour desquelles, avec cette patience qui les a cons tamment distingués, une charité sans bornes et une persévérance que rien ne pouvait décourager, ils étaient parvenus à grouper un grand nombre d'ln diens auxquels ils enseignaient les principaux et les plus touchants dogmes de notre religion, qu'ils bap tisaient, instruisaient et faisaient travaillera la terre. Ces missions, d'abord peu considérables et séparées par de grandes distances, s' étaient insensiblement accrues, les Indiens, séduits par la douce aménité des bons pères, étaient venus se placer sous leur protection, et nul