Dans Ma Foret Natale

Peter Rosegger (1843-1918) compte parmi les écrivains autrichiens les plus éminents de la fin du XIXe et du début du XXe siècle (il a notamment failli obtenir le prix Nobel de littérature en 1913). Or, il reste largement méconnu, voire ignoré, du grand public francophone. Finalement, presque cent ans après sa mort, son chef d’oeuvre, le recueil de contes et récits autobiographiques Waldheimat, a été intégralement traduit et annoté sous le titre Dans ma forêt natale, dont voici le premier tome. Waldheimat est une invitation à découvrir la région de moyenne montagne, couverte de forêts de pins, sapins et mélèzes et jadis parsemée d’innombrables fermes isolées, où Rosegger a passé les 17 premières années de sa vie dans des conditions extrêmement modestes. En même temps, ce livre fait perdurer un monde doublement disparu, car il s’agit du monde de la petite paysannerie autrichienne du milieu du XIXe siècle d’un côté, du monde de l’enfance innocente et heureuse de l’autre. Le petit Peter – ou Peterl, comme on l’appelle à l’époque – en a connu, des péripéties, exploits et aventures dans cette forêt qu’il aimait tant, et il les raconte sans jamais se départir d’une poésie quasi enfantine, d’un oeil alerte et d’un sens de l’humour, voire de l’autodérision, très fin. On se délecte de ses rencontres avec des personnages aussi pittoresques que la pensionnaire Jula l’aveugle, le tailleur-plume Justus Alland, le braconnier Toni le Noir qui va connaître un funeste destin, la colporteuse Thresel ou des bûcherons étrangers sans foi ni loi. On s’amuse de ses histoires autour du vieux poêle de la maison, de son récit de la tradition burlesque de la beuverie itinérante, ou encore de ses exploits en tant que conteur attitré auprès de ses frères et soeurs. On frissonne avec le petit gamin qui se perd dans la forêt glaciale une nuit de Noël, on trépigne avec lui quand il attend impatiemment tantôt une serrure pour pouvoir enfermer ses trésor, tantôt un canif qu’on lui a promis, on essuie une larme quand il décrit la mort d’un aïeul ou le décès d’un voisin. Waldheimat est depuis longtemps devenu un classique de la littérature germanophone parce que Rosegger l’écrivain a su nous rendre tangible ce monde particulier qu’il a connu dans son enfance. Ce monde révolu, perdu, il a su le garder vivant par le biais de son écriture.

Carte de livre

• Nombre de pages: 266
• Auteur: Peter Rosegger

Opinion des critiques spécialisés